Sa dernière volonté rejetée: l’entrée au pays de sa conjointe refusée par Ottawa

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Cet article a été initialement publié par TVA Nouvelles.

Il est minuit moins une pour un Québécois en fin de vie dont le dernier souhait est de mourir aux côtés de sa conjointe vivant au Panama, mais dont l’entrée au pays a été refusée par Ottawa. Une décision « incompréhensible » pour ses proches.

« C’est horrible que [sa conjointe] Danilsa ne puisse pas venir, c’est juste… Je ne comprends pas », laisse tomber Julie Héroux, tenant tendrement la main de son père Marcel Héroux, à la Maison de soins palliatifs de Vaudreuil-Soulanges, à Hudson, en Montérégie.

La vie de son père de 74 ans a complètement basculé il y a à peine plus d’un mois.

À la mi-juillet, le septuagénaire, qui vit en Amérique centrale depuis 20 ans, venait visiter ses trois enfants et huit petits-enfants comme il le fait chaque été.

Se sentant faible et « ballonné » peu après son arrivée, il a rapidement consulté un médecin et passé un scan.

Le résultat était sans appel : un cancer du pancréas « avec des métastases partout ». Il reçoit désormais des soins palliatifs depuis le 9 août.

« Dès le jour 1, notre priorité était que Danilsa vienne le voir […] C’est sa meilleure amie, celle avec qui il partage tout depuis 13 ans », souffle sa fille.

Un mois d’attente

Après un mois d’attente, la famille a su jeudi qu’Ottawa refusait à Danilsa Morgan un visa temporaire pour visiter le Canada. Dans une réponse écrite, le gouvernement craint que la femme de 44 ans ne retourne pas dans son pays d’origine.

« Ça, je ne le comprends pas », répète Julie Héroux. Mme Morgan a une fille et une carrière au Panama, comme directrice des ventes d’une agence de voyages.

Encore plus incompréhensible, la fille de 20 ans de Mme Morgan, Marcy, a eu l’accord d’Ottawa en seulement quelques jours pour venir au Canada.

« Est-ce qu’une jeune de 20 ans a moins de chance de rester au Canada pour se chercher un emploi qu’une femme de 44 ans qui a déjà une carrière chez elle ? Ça semble l’inverse à mon avis », poursuit Mme Héroux.

De plus, la famille avait même reçu l’autorisation de l’Agence de la santé publique du Canada pour que Danilsa Morgan soit exemptée de la quarantaine obligatoire à son arrivée au pays pour des raisons humanitaires.

Une situation qui étonne aussi l’avocat spécialisé en immigration Stéphane Handfield, qui estime que par cohérence, les deux demandes auraient dû être acceptées ou refusées.

Pas de temps à perdre

Le Panama est un pays où les citoyens doivent avoir un visa pour entrer au Canada. La famille peut faire une nouvelle demande afin de convaincre les fonctionnaires de sa bonne foi, dit-il.

« On n’a pas ce temps-là. On aurait besoin de la réponse déjà hier », plaide à son tour la Dre Geneviève Chaput, directrice médicale de la Maison de soins palliatifs de Vaudreuil-Soulanges.

Malgré tous les soins offerts à M. Héroux, la médecin remarque qu’il manque un être cher à son patient. « Il manque juste Danilsa […] C’est ce dont il a besoin pour avoir une fin digne », souligne-t-elle.

Toujours espoir

« C’est déprimant, mais je ne perds pas espoir… Danilsa travaille là-dessus, mes enfants aussi », murmure Marcel Héroux.

D’une voix faible, il rage que des centaines de Canadiens visitent le Panama chaque année pour fuir le froid, mais son pays est incapable de lui rendre la pareille comme dernière volonté.

Sa fille en appelle à la compassion des fonctionnaires fédéraux.

La famille avait contacté le député sortant, le libéral Peter Schiefke, mais après plusieurs jours, on leur a répondu que la personne responsable était en vacances.

Ce dernier, maintenant en campagne électorale, dit compatir avec M. Héroux. Il assure que malgré les vacances, deux membres de son équipe travaillent sur des dossiers semblables et qu’ils aident les citoyens à soumettre des demandes complètes.

« Nous comprenons qu’il est frustrant et décevant lorsque les demandes sont refusées, surtout en ces temps difficiles. Sachez que ces décisions ne sont pas prises à la légère », a écrit par courriel, Philippe Couvrette d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ajoutant qu’elles sont prises par « des fonctionnaires hautement qualifiés ».

De nombreux facteurs sont pris en compte, poursuit-il.

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