Cet article a été initialement publié par Radio Canada.
La pandémie a incité des salons funéraires en Ontario à offrir un nouveau service : l’aide médicale à mourir.
Paul Needham, le propriétaire du centre de funérailles et de crémation Northview Funeral Chapel, à London, dans le Sud-Ouest de l’Ontario, raconte qu’il s’est mis à recevoir durant la pandémie de multiples appels de familles cherchant un endroit où leur proche pourrait avoir l’aide médicale à mourir.
Nombre de familles étaient coincées, dit-il. Elles voulaient l’intervention, mais n’avaient nulle part où aller. Personne ne voulait les accommoder à cause du confinement.
M. Needham précise que nombre de ces clients ne voulaient pas finir leurs jours à l’hôpital ou dans une clinique, sans parler des restrictions en vigueur dans ces établissements quant aux visiteurs.
Ces personnes malades ne voulaient pas non plus mourir à la maison, dit-il, pour éviter que leurs proches ne revivent le décès chaque fois qu’ils revoient le lit ou la chambre
où l’intervention a eu lieu.
M. Needham a aménagé des chambres dans son salon funéraire qu’il loue pour l’aide médicale à mourir. Une vingtaine de clients y sont morts depuis le début de 2020.
De son côté, David Mullen, propriétaire du salon funéraire A. Millard George, à London également, a transformé une salle de montre pour cercueils en chambre pour l’aide médicale à mourir.
Nous avons commencé à recevoir des appels en 2018, raconte-t-il. Leur fréquence a augmenté avec la COVID-19. Nous avons voulu porter beaucoup d’attention à la question pour bien desservir les familles.
Suivant les conseils d’un médecin qui offre l’aide à mourir, M. Mullen a fait l’acquisition entre autres d’un lit d’hôpital, de fauteuils et d’un téléviseur où les familles peuvent projeter un diaporama, afin de rendre ses clients et leurs proches le plus à l’aise possible, dit-il. Ceux qui ne veulent pas être au chevet du malade pour son dernier souffle peuvent aussi attendre dans une autre pièce aménagée à cet effet.
Le salon funéraire compte offrir l’aide médicale à mourir à partir de janvier prochain.
Tout sous un même toit
La professeure en thanatologie à l’Université de Western Ontario Darcy Harris comprend pourquoi nombre de familles se tournent vers les salons funéraires. Il s’agit d’établissements qui sont généralement très bien aménagés et le personnel est formé dans l’offre de services et est à l’aise de parler de la mort
, note-t-elle.
MM. Mullen et Needham assurent que les clients qui optent pour l’aide médicale à mourir dans leur établissement ne sont pas obligés d’utiliser leurs autres services, que ce soit pour l’enterrement, la crémation ou les funérailles.
L’aide médicale à mourir a été légalisée en 2016 au Canada. Le nombre d’interventions est passé d’un peu plus de 1000 au pays en 2016 à près de 7600 l’an dernier.
En 2020, près de la moitié (46,7 %) des cas d’aide médicale à mourir ont eu lieu à la maison, 28 % à l’hôpital et 17 % dans des établissements de soins palliatifs, selon les données recueillies par CBC.
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