7800 kilomètres à vélo afin d’amasser 100 000 $ pour une future maison de soins palliatifs

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Cet article a été initialement publié par le Soleil le 21 juin 2022. Pour l’article original, visitez ce lien.

Par Gilles Gagné

Un omnipraticien de New Richmond, Simon Prévost, roulera bientôt 7800 kilomètres à vélo entre le Yukon et sa ville afin d’amasser 100 000 $ pour la future maison de soins palliatifs de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie. Il s’agit d’un projet de 4 millions $.

Le docteur Prévost amorcera son périple sur deux roues le 16 juillet, et il le complétera à la fin de septembre, le 30 si tout se passe bien. Il quittera la Baie-des-Chaleurs en véhicule le 30 juin afin de se rendre au Yukon.

En tant que président du conseil d’administration de la Maison de soins palliatifs de la Baie-des-Chaleurs, il a une bonne raison d’être motivé par la bonne marche de la campagne de financement de l’organisme, mais il y passablement plus en jeu que la Grande traversée de Simon, l’épreuve pour laquelle il se prépare sur deux roues depuis le 22 mars.

«J’ai 53 ans et j’ai eu de petits ennuis de santé récemment, des choses sur lesquelles je peux travailler. Il s’agit de diabète. Le vélo m’aide à faire de l’exercice régulièrement, ça me donne une discipline. J’ai aussi le rêve de traverser le Canada en vélo, comme beaucoup de gens», aborde-t-il.

Il roulera 130 kilomètres par jour, six jours par semaine et il garde le septième jour pour se reposer. «Je serai accompagné par mes filles et par ma blonde (leur mère). Le bagage sera dans le véhicule», précise-t-il, comme pour atténuer la rigueur de son exploit.

L’équipée commencera à l’Arctic Circle Sign, la limite géographique du cercle arctique, le long de l’autoroute Dempster, à 66 degrés et 33 minutes de latitude nord.

Au-delà de sa santé, le docteur Prévost a développé, en 20 ans de pratique familiale, une sensibilité aux patients en fin de vie. Il en suit au moins 10 par année. Il a conséquemment accompagné autour de 200 personnes vers leur décès depuis le début de sa pratique. Une maison de soins palliatifs est loin d’être un luxe dans une société, assure-t-il.

«Je viens de terminer un appel avec quelqu’un sur Teams. Il m’a exprimé comment il y avait une énergie dans cet endroit-là, une énergie frappante, qu’on ne retrouve pas ailleurs. Tout converge vers les soins de la personne. Tout le monde converge vers cette personne, vers le même objectif. Comment ça se fait que je ne retrouve pas ça ailleurs? Dans la maison d’un particulier, on peut retrouver ça, cette volonté de prendre soin de cette personne. Des fois, c’est une question de capacité; une personne seule n’est pas capable de prendre soin de son proche», souligne Simon Prévost.

«À l’hôpital, c’est parfois dans la chambre d’un enfant qui partira trois jours plus tard que la personne se retrouvera, ou trois chambres plus loin, on a un patient opéré à la jambe qui nécessite des soins complètement différents. Le personnel ne peut pas se concentrer de la même façon. De plus, dans une maison de soins palliatifs, des bénévoles se joignent au personnel», ajoute-t-il.

Il y a maintenant trois ans que mijote le projet de maison de soins palliatifs dans la Baie-des-Chaleurs. Il est mené en partenariat avec la Fondation santé Baie-des-Chaleurs, qui s’occupe historiquement d’amasser des fonds pour améliorer les équipements médicaux de son territoire d’intervention. «Les soins palliatifs font partie intégrante dans le parcours de vie d’une personne au même titre qu’une naissance», note sa directrice Amy Chloé Bernard.

Depuis trois ans, Simon Prévost et son conseil d’administration ont établi divers contacts, notamment avec l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec.

«C’est indescriptible, aller à la maison Michel-Sarrazin (de Québec) et passer juste une heure, là. Quand on met le pied dedans, on comprend la valeur de ce genre de maison. Par exemple, quelqu’un s’installe au piano et joue. C’est très fort, ces impressions-là. On a encore beaucoup de choses à apprendre pour mourir. C’est un endroit propice à ça. Ça fait partie de notre vie, développer nos outils personnels et aider les autres à développer ces outils», analyse l’omnipraticien.

Simon Prévost éprouve des sentiments variables au sujet de l’ampleur de la tâche financière qui attend la Maison de soins palliatifs de la Baie-desChaleurs et de son défi personnel visant à recueillir 100 000 $.

«J’ai le goût de dire que ce n’est pas assez, 100 000 $! Mon projet est petit en soi par rapport à un projet beaucoup plus grand. C’est dynamique. Je ne sens pas de pression. Si c’est 60 000 $ que j’amasse, ce sera ça», dit-il.

Le «projet beaucoup plus grand» de 4 millions $, voire 4,5 millions $ doit en principe être financé de façon uniquement privée, les programmes gouvernements se limitant officiellement à appuyer une partie des frais de fonctionnement une fois la maison de soins palliatifs construite, équipée et dotée en personnel.

«Ce que le gouvernement laisse savoir, c’est que le jour où le projet sera ficelé au complet (…) il versera 110 000 $ par année par lit. Nous aurons quatre lits, donc nous pourrions recevoir 440 000 $. L’Alliance des maisons de soins palliatifs nous dit qu’il faut compter 200 000 $ par lit par année pour arriver. Ça prend donc 90 000 $ par lit à trouver pour un budget annuel de 800 000 $», calcule le docteur Prévost.

Il entretient l’espoir que l’État québécois saura évoluer vers un appui financier dans la phase d’immobilisation des maisons de soins palliatifs.

«Avant ça, le gouvernement ne supportait pas les frais de fonctionnement et il le fait maintenant. Est-ce qu’on sera capables d’aller chercher 100 % des 4 millions $ pour démarrer notre maison. Nous essayons! Il nous reste à nous renseigner de façon significative sur les possibilités d’aller chercher de l’argent en allant cogner à telle ou telle porte. Mais des gens nous appellent déjà et ce n’est pas gouvernemental», précise Simon Prévost.

Les gens soucieux d’aider le projet peuvent acheter des kilomètres de son parcours à vélo. La campagne de financement qui démarre avec sa traversée du pays s’échelonnera aux cours des trois prochaines années.

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