Le deuil est une réaction normale à la perte d’un être cher. Il peut aussi se rapporter à une relation qui n’existe plus, à la perte d’une capacité physique, à de belles occasions ratées ou à des espoirs et des rêves brisés. Le deuil décrit également la période qui suit la perte lors de laquelle on éprouve une peine profonde et qu’une phase d’adaptation s’amorce. Cette phase d’adaptation comporte des rituels qui marquent le décès, comme des funérailles, des vigiles ou un service commémoratif. L’adaptation est grandement influencée par les croyances et pratiques religieuses, spirituelles et culturelles d’une personne.
Chacun vit le deuil différemment et cela dépend des éléments suivants :
- décès anticipé ou non
- votre relation avec la personne décédée
- votre personnalité et vos croyances culturelles, spirituelles et religieuses
- façon dont vous avez déjà vécu une perte
- système de soutien dans votre vie (famille, amis et communautés spirituelle, religieuse et sociale)
Deuil et émotions
Le processus de deuil n’est pas une expérience lors de laquelle on éprouve une seule émotion. Lors de cette période, on apprend à faire face à la perte d’un proche ou de quelque chose. Il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de bonne façon de vivre un deuil. Personne ne peut vous dire comment vous devriez vivre un deuil, quand vous devriez éprouver certaines émotions ou dans quel ordre. Votre deuil est une expérience très personnelle, et vos sentiments n’ont pas à suivre un modèle quelconque sauf celui qui répond à ce que vous vivez.
Lors du processus de deuil, vous pouvez éprouver de nombreuses émotions différentes.
Choc et engourdissement – Même si on s’attend à ce qu’une personne atteinte d’un cancer avancé meurt, lors du décès, vous pouvez quand même être en état de choc, en particulier si la mort a été soudaine ou s’est produite plus tôt que prévu.
Tristesse, solitude et isolement – La tristesse éprouvée lors du deuil est un profond sentiment de perte. Certains sentent que la personne qui est décédée a laissé un vide ou les a abandonnés. Bien des gens s’isolent des autres, en particulier lors d’événements sociaux.
Colère – Il n’est pas inhabituel d’être en colère après un décès. Vous pouvez être fâché parce que la personne vous a laissé tomber, parce qu’elle n’a pas « suffisamment » combattu le cancer ou parce qu’elle ne participera pas à un événement spécial de votre vie, comme un mariage ou une cérémonie de remise des diplômes. Vous pouvez aussi être en colère contre vous-même parce que vous trouvez que vous n’avez pas assez rendu visite à cette personne pendant sa maladie ou que vous n’étiez pas présent lorsqu’elle est décédée. Vous pouvez aussi être fâché contre votre dieu ou votre destin.
Soulagement – Si la personne qui est décédée a été malade ou souffrante pendant une longue période, vous pouvez ressentir un certain soulagement puisque la lutte est enfin terminée. Vous pouvez aussi vous sentir reconnaissant que le stress exercé sur vous, son aidant, n’est plus présent. Ces émotions sont normales et vous ne devriez pas avoir honte ou vous sentir coupable.
Culpabilité – Vous pouvez vous sentir coupable par rapport à quelque chose que vous avez dit ou pas à la personne qui est décédée, ou parce que vous n’en avez pas fait assez alors qu’elle était en vie.
Confusion – Vous pouvez avoir de la difficulté à vous concentrer ou à vous rappeler certaines choses. Vous pouvez avoir l’impression d’être dans la brume ou de ne pas être vous-même. Cette réaction au deuil est normale.
Le deuil peut aussi causer des symptômes et des réactions physiques :
- pleurer
- avoir de la difficulté à dormir
- Certains peuvent rêver à la personne décédée, en avoir une « vision » ou entendre sa voix.
- manger moins ou plus
- être anxieux
- Certaines personnes ont des signes physiques d’anxiété, dont un serrement de poitrine et un essoufflement.
- se sentir fatigué ou faible
Deuil d’anticipation
Le deuil d’anticipation, c’est lorsqu’une personne atteinte d’un cancer avancé ou sa famille s’attend à ce que la mort survienne. Il engendre un grand nombre de pensées, d’impressions et d’émotions qui peuvent faire surface également après la mort.
Le deuil d’anticipation peut vous donner le temps de vous habituer lentement à la réalité de la perte. Il peut vous donner l’occasion de régler vos problèmes avec le mourant ou de solidifier la relation.
Faire face au deuil
Le deuil peut être un long processus très douloureux. Avec le temps et du soutien, vous commencerez à aller mieux, à accepter la perte et à vous adapter à la situation. Il n’y a pas de période préétablie pour faire son deuil. La plupart des gens trouvent que les émotions et les symptômes physiques engendrés par le deuil commencent à s’atténuer de 6 mois à 2 ans après la mort de leur proche.
Pour faire face au deuil, vous pouvez :
- pleurer aussi souvent que vous en avez besoin. Cela fait partie du processus de guérison. Ce n’est pas un signe de faiblesse.
- vous permettre d’éprouver de la tristesse, de la douleur, de la colère et toute autre émotion. Ne laissez pas les autres vous dire ce que vous devriez ressentir.
- prendre soin de vous en mangeant bien et en faisant de l’exercice.
- Limitez la quantité d’alcool ou d’autres drogues que vous consommez. Ils peuvent provoquer d’autres problèmes émotionnels et ralentir votre processus de deuil.
- ne pas être sévère avec vous-même. Pardonnez-vous toutes les choses que vous pouvez avoir dites ou faites ou pas.
- parler à d’autres personnes qui ont vécu une perte et demander leur soutien.
- vous préparer aux émotions qui risquent de surgir lors des fêtes, des anniversaires et des congés fériés.
- prendre une pause – vous n’avez pas besoin de toujours concentrer votre attention sur le deuil. Allez voir un film ou un concert, prenez un bain chaud, lisez ou écoutez de la musique.
Deuil compliqué
Certaines personnes ont vraiment beaucoup de difficulté à s’adapter à leur perte. Le deuil qui est compliqué ne s’atténue pas ou s’aggrave au fil du temps. Une personne dont le deuil est compliqué a de la difficulté à aller de l’avant et peut devenir déprimée.
Si votre deuil est compliqué, il est important d’avoir de l’aide. Demandez à votre médecin de famille quel traitement il peut vous proposer. Vous pourriez aussi trouver utile de parler à un professionnel en santé mentale.
Les enfants et le deuil
Les enfants et les adultes vivent le deuil différemment. Le deuil de l’enfant est affecté par son âge, son stade de développement, son expérience antérieure avec la mort et sa relation avec la personne décédée.
Le deuil d’un enfant dure souvent plus longtemps que celui d’un adulte, mais il se peut qu’il n’exprime pas ses émotions. Il pourrait se jeter à corps perdu dans des activités faisant ainsi que sa famille pense qu’il ne comprend pas vraiment ce qui se passe ou qu’il a passé à travers cette période. Il arrive souvent qu’un enfant ne parvienne pas à bien juger ses pensées et ses émotions comme les adultes le font et il peut avoir de la difficulté à mettre des mots sur ce qu’il ressent.
Un enfant se demande souvent :
- s’il est responsable du décès
- s’il va lui-même mourir
- qui va prendre soin de lui
Voici quelques suggestions pour aider un enfant à passer à travers son deuil :
- Soyez ouvert et franc sur la mort. Dites-lui à quoi il peut s’attendre si un proche va bientôt mourir.
- Expliquez-lui simplement et directement ce qu’est la mort. Dites-lui la vérité lorsqu’il vous pose des questions. Employez des expressions telles que « mort » et « mourir » plutôt que « disparu », « s’endormir pendant un long moment » ou « il est parti ». Certains adultes peuvent préférer ces mots, mais ils risquent de mêler l’enfant parce qu’il ne comprendra pas ce qu’ils veulent dire.
- Faites-le participer à la planification des funérailles ou du service commémoratif s’il le désire, mais ne le forcez pas.
- S’il est inquiet, rassurez-le en lui disant qu’il ne mourra pas lui aussi ou qu’on ne le laissera pas seul.
L’adolescence est une période très stressante sans qu’on ait à y ajouter un deuil. Plutôt que de parler à leurs parents de leur deuil et de leur tristesse, les adolescents peuvent trouver qu’il est plus facile d’en discuter avec leurs amis ou d’autres adultes occupant une place importante dans leur vie.
Les adolescents se sentent généralement invincibles et ils croient que la mort ne peut pas les toucher. Bien qu’ils puissent ne pas dire qu’ils sont contrariés, il est possible qu’ils fassent face à leur deuil en consommant de l’alcool ou de la drogue ou en prenant des risques comme en conduisant trop rapidement ou en ayant des comportements sexuels à risque. Ils peuvent aussi commencer à avoir de mauvaises notes à l’école ou ne plus s’intéresser à leurs activités normales.
Voici quelques suggestions de base pour aider un adolescent à passer à travers son deuil :
- Dites-lui que le deuil est normal.
- Laissez-le réagir à sa façon et le temps que cela lui convient.
- Rassurez-le en lui disant que les émotions fortes comme la colère sont normales.
- N’essayez pas de le forcer à parler de ce qu’il ressent sauf s’il est prêt à le faire. Donnez-lui l’espace et le temps nécessaires pour faire le ménage dans ses émotions.
- Écoutez-le attentivement lorsqu’il est prêt à parler.
- Essayez de maintenir certaines routines. Même en période de deuil, assurez-vous qu’il a le temps de pratiquer ses activités habituelles et de voir ses amis.
- Il arrive parfois que les adolescents réagissent fortement ou consomment de l’alcool ou de la drogue.
- Établissez des limites quant aux actions et aux comportements permis.
- Dites-lui ce qui est acceptable ou non.
- Dites aux autres adultes qui font partie de sa vie, comme un enseignant ou un entraîneur, qu’il vit un deuil.
- Incitez-le à parler à quelqu’un, même si ce n’est pas vous. Il peut y avoir un groupe de soutien pour les adolescents endeuillés dans votre communauté ou en ligne.
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