La musique: un moyen de surmonter le deuil

Pour Ambre McLean, la musique est tout – et tout est musique. Née dans une famille de troubadours itinérants, l’éducation musicale d’Ambre a commencé très tôt, comme le font toutes les leçons de vie les plus importantes : au tout début.

À l’occasion de la Journée du deuil, Ambre nous explique comment elle utilise ses talents musicaux pour vivre son deuil.

Dans le deuil, j’ai l’impression d’être prise dans un impossible labyrinthe d’émotions. Les murs sont trop hauts pour que je puisse voir par-dessus, le sol est rocailleux et accidenté, le ciel est trop sombre pour s’y retrouver et les voies de sortie changent continuellement. L’œil du chagrin ne voit pas tout. Il est aveugle, engourdi, vide et esseulé. La dernière chose que je veux faire est chanter, jouer d’un instrument ou même en voir. Ainsi, pour moi, la démarche créative vient beaucoup plus tard. C’est le contrecoup, comme la victoire d’en être sortie vivante. Créer est pour moi une façon de rassembler tous les fragments et les morceaux de mon moi brisé, et un peu comme un casse-tête, la création me permet de tout remettre ensemble d’une nouvelle façon, pour compenser les parties perdues et faire de la place pour les nouvelles versions de moi qui prennent forme, tant bien que mal, suivant la blessure.

Le deuil : l’art de vivre après que le cœur nous ait été arraché du corps. – Anonyme

Je crois qu’il y a une croyance qui circule selon laquelle les artistes sont en contact direct avec leur corps émotionnel. Parce que, comme ils sont capables d’exprimer leurs émotions de façons variées et magnifiques, ils sont magiquement capables de comprendre les émotions, de les gérer et de leur donner un sens. De temps en temps, je discute avec des gens qui ne se disent pas artistes, et ils me disent des choses comme « J’aimerais savoir comment m’exprimer de cette façon ». Ils me disent « Tu as beaucoup de chance d’avoir cet exutoire pour tes émotions ». La vérité est que ce n’est pas parce que je peux chanter, écrire et exprimer mes émotions dans une chanson de trois minutes que c’est moins compliqué, identifiable ou concluant pour moi. Les personnes qui ressentent les choses profondément ne connaissent pas de raccourcis pour traverser le deuil. Il n’y a pas de coulisses où aller se cacher. On a plutôt l’impression d’être face à un vaste auditoire et d’oublier son texte, d’oublier le rôle à jouer ou de carrément se tromper de salle de spectacle.

Enfants, on reçoit souvent un laissez-passer gratuit. Il y a quelque chose de si beau dans la façon dont les enfants s’expriment. C’est brut, assumé, puissant et sans inhibition. J’aimerais que nous ayons tous le droit de faire notre deuil comme le ferait un enfant, de pouvoir nous exprimer sans craindre d’avoir l’air faible ou de nous sentir inadéquats si nous sommes dépassés par les émotions, effondrés par terre et incapables de fonctionner. J’aimerais qu’il soit acceptable de donner des coups de pied et de secouer les poings vers le ciel, et de crier notre deuil… en fait, ce l’est parfois.