La contribution de l’accompagnant par l’art aux soins palliatifs, pendant la pandémie

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Par Marcia Lorenzato, Ph.D., psychopédagogue et artiste

Dans les suites de la COVID-19, nous avons constaté la suspension de la majorité des services professionnels utilisant les arts comme mode d’accompagnement pour les personnes âgées et pour les personnes gravement malades. La Maison Michel-Sarrazin a maintenu les services de la professionnelle en accompagnement par l’art en soins palliatifs. Ceci lui a permis d’ajuster son travail au Centre Bonenfant-Dionne et de contribuer à rebâtir avec l’équipe les moyens d’accompagnement dans le respect des mesures sanitaires.

Constats : Il est possible d’adapter cet accompagnement dans des ateliers virtuels en ajustant les ressources informatiques, le matériel artistique, les stratégies d’intervention et les modes de communication.

Depuis le début mai, nous avons organisé quatre groupes virtuels par semaine comprenant une moyenne de trois participants chacun. Les rencontres sont d’une durée de 90 à 120 minutes. Ceci correspond à 70 % des participants d’avant la pandémie. Tous ceux qui ont accepté de participer ont maintenu leur intérêt au fil des semaines. Chaque participant a eu le défi d’organiser ses ressources matérielles et informatiques à la maison et de faire l’effort de s’adapter aux nouvelles conditions.

Leur expérience antérieure en atelier d’expression artistique offre des bases très significatives pour démarrer les ateliers virtuels.

Nous avons révisé les stratégies et les moyens d’intervention visant le travail intérieur personnel à chacun. Nous avons réussi à maintenir un climat de travail réflexif pour chaque participant, intégrant la mise en action et l’introspection avec le sentiment d’intimité et de confiance.

Depuis juillet, nous avons aussi réalisé des expériences ponctuelles en présence, en respectant toutes les règles sanitaires afin de répondre aux besoins des participants non adaptés au logiciel Zoom ou ayant un besoin particulier :

  • en individuel, dans la grande salle à manger;
  • avec deux clientes à l’extérieur de l’édifice,
  • avec deux personnes de la même famille, pour la réalisation d’une sculpture de leurs mains.

 

Témoignages :

5 août 2020, Mme M. : « Je reste à la maison, je n’ai pas le choix. Je tiens beaucoup à nos rencontres. C’est précieux ce lien de complicité que nous avons. Ça nous permet de suivre le cheminement de chacune. Le type d’échange que nous avons est unique ! Je ne peux pas avoir ce type de réflexion avec d’autres personnes parmi mes proches. (…) La vie est l’impermanence. Tout est éphémère. Pour accepter ça, il faut travailler. (…) Accepter notre réalité et la réalité du monde actuel, ça demande d’entrer à l’intérieur de soi et d’en ressortir du bon. (…) La COVID nous a enlevé ce qui nous restait de vie sociale. Cultiver les liens avec les autres m’apporte du réconfort pour ce que je vis. Aussi, par l’atelier Zoom, je continue à nourrir des idées, des inspirations, je me sens en état de création malgré le confinement. Je suis disponible pour récupérer des objets, nourrir des attirances pour des images, pour des matières. La nature m’offre énormément de ressources. (…) Quand on échange sur un de mes objets créés, il devient attachant. On se l’approprie. Il devient vivant. Ça me fait du bien. (…) Comme dit Frédéric Lenoir : Notre bonheur passe par l’acceptation de l’inévitable et la transformation du reste. »

5 août 2020, Mme I. : « Je dis oui à notre Zoom, parce que nous avons à partager, on est solidaire. Ce partage crée le bonheur. Être en atelier Zoom, c’est créer des opportunités de solidarité, d’entraide. La communication entre nous a une intimité, une empathie. (…) Pour moi, partager ce qu’on fait, ce qu’on vit, est ma manière de continuer à progresser. On ne fait pas ça pour se garder occupées. On fait nos travaux artistiques pour approfondir notre relation avec la vie, avec soi-même et avec nos compagnons de parcours dans la maladie. (…) On échange sur le sens de nos travaux artistiques pour ouvrir et élargir notre vision. »

16 juillet 2020, Mme K. : « L’art m’aide. Cette pratique m’ouvre des possibilités pour nourrir la vitalité aujourd’hui. L’art ouvre une piste pour que je prenne soin de ma santé globale. (…) Je fais de l’art pour libérer des émotions. Il n’y a plus de problème quand je peins. Ça m’aide à être bien dans le moment présent. Ça nourrit le calme. Ça socialise, ça aide de partager le cheminement de chacun, ça apaise l’âme. Ça donne une pause au mental quand je tourne en rond, avec des idées fixes et même négatives. »

 

 

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